Inspirer les communautés scolaires aux enjeux de l’inclusion dans les écoles et leur suggérer des actions de proximité à implanter

Ensemble pour l’inclusion est le fruit d’une collaboration entre la Troisième Avenue, Parents en action pour l’éducation et de chercheur.e.s universitaires. C’est l’aboutissement d’une importante réflexion sur les enjeux des inégalités sociales en éducation et le désir de faire rayonner des pratiques inclusives au sein de nos écoles de quartier. 

Elle vise spécifiquement à inspirer les communautés scolaires aux enjeux de l’inclusion dans les écoles et de les mettre en action en leur suggérant des actions de proximité à implanter. Le projet se concentre sur quatre grandes thématiques : les inégalités numériques, la coéducation, le vivre-ensemble et les services aux élèves.

Ensemble pour l’inclusion se veut rassembleuse et opte pour une approche de collaboration où les valeurs de respect, de bienveillance et d’ouverture réciproque sont au cœur. Nous sommes conscientes que la pandémie a eu l’impact d’un épuisement généralisé autant chez les parents que le personnel scolaire, mais nous croyons que c’est en agissant ensemble que nous pourrons co-construire des écoles plus inclusives pour le bien-être de tous les enfants.   

Quatre grandes thématiques

Découvrez les participantes du projet

VIVRE ENSEMBLE

L’école est un lieu privilégié pour apprendre à vivre-ensemble. C’est un espace par excellence pour accueillir la différence, maintenir des rapports égalitaires et rejeter toute forme d’exclusion. Toutefois, il subsiste encore plusieurs inégalités reliées à la diversité ethnique dans nos écoles. Ces inégalités sont souvent le produit de biais inconscients qui nuisent à l’inclusion des élèves racisés. 

Les biais inconscients et les préjugés qui sont véhiculés par les communautés scolaires au sein de nos écoles conduisent plusieurs élèves issus des minorités à se sentir exclus de la culture dominante. Dans son rapport sur le profilage racial, la Commission des droits de la personne et de la protection de la jeunesse dévoile que les enfants racisées font l’objet d’une surveillance plus accrue et qu’ils sont victimes de sanctions disciplinaires beaucoup plus strictes que leurs camarades d’origine caucasienne. Les élèves racisés sont également moins nombreux à obtenir leur diplôme et moins susceptibles de passer à une éducation postsecondaire. De plus, plusieurs préjugés subsistent quant aux identités culturelles ou religieuses. La pression à se conformer à la culture dominante est subtile, mais bien présente, ce qui peut résulter par une perte de fierté des origines culturelles des élèves racisés. 

Démystifier les préjugés, dénoncer les discriminations et lutter contre le racisme dans nos écoles sont des questions qui concernent l’ensemble de la communauté scolaire et non pas seulement les enseignant.e.s.  C’est un sujet qui peut être malaisant et dérangeant, mais il est essentiel de s’y pencher pour favoriser des pratiques inclusives qui assureront le bien-être de tous les enfants.

  • Revisiter les bibliothèques de nos écoles de quartier pour veiller à la représentation et à l’inclusion des personnes racisées dans les livres et documents offerts aux élèves
  • Planifier différentes activités éducatives, culturelles et artistiques mettant de l’avant les différentes cultures présentes au sein de l’école
  • Organiser des activités dans l’école afin de souligner les luttes des communautés racisées (le mois de l’histoire des Noirs, la journée nationale de la vérité et de la réconciliation, etc.)
  • Lors de l’assemblée générale annuelle, proposer la création d’un comité de réflexion sur l’équité, la diversité et l’inclusion
  • Offrir des ateliers, de la formation et des conférences à la communauté scolaire sur la lutte contre le racisme dans les écoles
  • Réfléchir et mettre en place un mécanisme de dénonciation et un protocole d’intervention en lien avec les incidents à caractère raciste 

SERVICES D’AIDE AUX ÉLÈVES

Chaque jour, plusieurs professionnel.les et technicien.nes accompagnent les élèves dans leur développement et leur cheminement scolaire que ce soit des orthopédagogues, des orthophonistes ou encore des technicien.nes en éducation spécialisée ou des psychoéducateur.trices. En 2018, le MEES estimait qu’environ 1 élève sur 5 était identifié comme présentant un handicap ou des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA). Les services d’aide aux élèves sont donc des services essentiels pour soutenir la réussite éducative de plusieurs enfants dans nos écoles.

Les services d’aide aux élèves sont des services grandement sollicités dans nos écoles et malheureusement très limités. La pandémie de COVID19 a également contribué à accentuer ce phénomène de rareté des services et plusieurs parents doivent désormais se tourner vers le privé. En effet, les conséquences anticipées de la pandémie par les chercheurs ne sont pas tant un retard scolaire généralisé pour tous les élèves, mais plutôt des écarts qui se creusent pour les élèves déjà en difficulté ou en contexte moins favorisé. On observe également une vulnérabilité accrue sur le plan de la santé mentale chez les enfants et les jeunes adultes. On estime qu’il y a maintenant environ deux ans d’attente pour des services en orthophonie dans certaines régions du Québec.

Dans ce contexte, un réinvestissement massif s’impose dans notre système d’éducation pour combler ces besoins grandissants. En attendant, il est important que la communauté scolaire travaille ensemble pour tenter de minimiser les impacts de cette pénurie.   

  • Créer un glossaire à l’intention des parents sur les offres de services et les rôles des différents professionnel.les et technicien.nes
  • Offrir de la documentation accessible sur les processus pour obtenir des services et démystifier les suivis possibles
  • Offrir aux parents une formation en ligne sur les plans d’intervention; Quel est son utilité? Quelles sont les étapes? Comment s’impliquer en tant que parent?
  • Offrir des conférences aux parents sur les thématiques reliées à la persévérance scolaire, la gestion du stress, etc.
  • Créer des groupes d’entraide pour les parents d’élèves HDAA afin de briser la solitude et échanger sur leurs savoirs et expériences
  • Créer des listes d’organismes communautaires qui offrent l’aide aux devoirs, de l’accompagnement ou des formations aux élèves et leur famille

INÉGALITÉS NUMÉRIQUES

Les inégalités numériques en éducation sont devenues un sujet d’actualité à l’heure de la prolifération des outils numériques dans nos écoles. En 2020, la crise sanitaire, qui a entraîné la fermeture des écoles et par conséquent le début de l’enseignement en ligne, a permis de mettre une loupe sur ce nouveau phénomène. En effet, le passage vers l’éducation à distance a occasionné plusieurs défis pour les enfants et leurs familles que ce soit au niveau de l’accès aux outils numériques ou de leur usage.

La pandémie de COVID-19 nous a plongés à une vitesse fulgurante vers une multiplication des technologies dans nos vies quotidiennes que ce soit par l’obligation du télétravail ou encore l’école à la maison. Face à cette présence grandissante dans nos vies, nous devons, en tant que communauté scolaire, réfléchir aux enjeux du numérique dans le milieu scolaire. Il faut rester vigilant envers les inégalités sociales et numériques qui se répandent dans nos écoles de quartier. Compétences, pratiques et savoirs numériques sont des éléments que nous devons considérer dans le cursus scolaire de nos enfants, car ce sont des éléments qui facilitent la réussite éducative des enfants à l’heure actuelle et qui évitent de laisser pour compte des élèves n’ayant pas acquis ces compétences à la maison.

Il devient important de réfléchir à des moyens pratiques pour s’assurer que tous les enfants puissent avoir accès à des outils numériques, à une connexion fiable et qu’ils détiennent les compétences, le savoir et les pratiques numériques nécessaires à leur bonne utilisation qui seront un soutien infaillible pour leur réussite éducative. C’est de cette façon que nous pourrons réduire les disparités et tendre vers plus d’équité et de justice sociale à l’école.

  • Créer un sondage afin d’identifier les besoins technologiques des familles en début d’année scolaire
  • Encourager les initiatives de dons et de recyclage d’appareils électroniques fonctionnels pour les familles dans le besoin en sollicitant les entreprises et organismes 
  • Créer une liste des ressources informant les familles des lieux d’accès à l’internet dans les quartiers et des programmes gouvernementaux destinés à l’internet haute vitesse à prix modique
  • Installer un coin informatique dans la classe afin que les élèves se familiarisent avec les outils numériques et pour faciliter la détection des besoins numériques de chacun
  • Offrir des ateliers d’initiation au numérique aux élèves à même le cursus scolaire afin qu’ils et elles développent leurs compétences numériques
  • En début d’année, offrir des ateliers de formation aux parents afin qu’ils se familiarisent avec les plateformes qui seront utilisées par l’école

LA COÉDUCATION

Il a été démontré que l’implication des parents dans la vie scolaire de leur enfant est un facteur déterminant pour leur réussite éducative. C’est pourquoi la coéducation est un élément central que nous devons mettre de l’avant au sein de nos écoles. Il faut favoriser le dialogue entre les familles et l’école, ce qui favoriserait une meilleure compréhension des enjeux et des difficultés de chacun. 

Les équipes-écoles et les familles ont souvent tendance à travailler en silo, chacun d’eux estimant que l’autre ne doit pas empiéter sur son terrain. La pandémie a fait ressortir plusieurs enjeux reliés à la coéducation que ce soit les communications déficientes, le manque d’information pour les parents ainsi que les inégalités des services et des suivis offerts. Plusieurs parents se retrouvent souvent désemparés face aux portes closes de l’école et ils ne savent pas comment s’impliquer au sein de l’institution, que ce soit au niveau de la démocratie scolaire, de défendre les droits de leurs enfants ou tout simplement donner un coup de main aux équipes-écoles. De part et d’autre, il semble y avoir plusieurs préjugés qui subsistent et qui nuisent à une bonne collaboration et communication. 

Un constat s’impose, plus les familles et les équipes-école collaboreront, plus ils apprendront à se connaître, plus ils seront en mesure de démystifier des préjugés de part et d’autre et de développer de la bienveillance et de l’empathie pour le bien-être de tous les enfants. Pour favoriser une bonne coéducation, il faut faciliter les communications et l’accès à l’école tout en informant les parents.

  • En début d’année scolaire, choisir un canal de communication (Trello, Slack, etc.) afin de faciliter les échanges entre les parents et les enseignant.es et former les parents sur son utilisation
  • Afin de diminuer la charge de l’enseignant.e, élire un.e coordonnateur.trice parent par classe pour faire le suivi des préoccupations, des activités et des besoins collectifs entre les parents et l’enseignant.e de la classe
  • Créer des liens positifs et favoriser une meilleure connaissance entre les familles et l’équipe-école en organisant des moments de plaisir partagé
  • Élargir la participation des parents en permettant l’accès à la classe par l’entremise d’ateliers animés par les parents, de l’aide en classe, etc.
  • Informer les parents sur le fonctionnement de la démocratie scolaire et faciliter l’accès à l’information en mettant couramment à jour le site internet de l’école avec les dates importantes
  • À l’assemblée générale annuelle, proposer la création d’un organisme de participation des parents (OPP) pour augmenter l’implication des parents dans la vie scolaire des enfants
  • Créer une infolettre mensuelle adressée à la communauté scolaire afin de mettre en lumière les réussites de l’école, les résumés des conseils d’établissement, les activités spéciales et les conférences ou formation à venir

Vous souhaitez en apprendre davantage sur cette démarche ou collaborer avec nous?